La dentellière de Lesconil
Entre Loctudy et Guilvinec, Lesconil petit port du bout du bout du Finistère, spécialisé dans la pêche aux langoustines, s’enorgueillit d’une certaine convivialité joviale que lui envient ses voisins.
C’est ici que nous sommes venus à la rencontre de Yolande, comptable, originaire d'Orléans, à la retraite qui voue depuis 15 ans au moins une passion sans faille à la dentelle irlandaise et au picot bigouden.
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Une tradition bigoudène
C’est en tombant par hasard sur le livre dont elle est co-auteur avec une autre dentelière bigoudène : « le Picot bigouden de l’oral à l’écrit » que nous avons fait sa connaissance et comme le hasard fait bien les choses, nous ne pouvions pas mieux rêver qu’elle comme guide pour nous raconter l’histoire de la dentelle bretonne.
C’est en venant s’installer en Bretagne pour sa retraite que Yolande tomba un jour en arrêt devant le savoir-faire d’une vieille bigoudène travaillant son « picot » devant la petite chapelle de Tronoën ; elle voulut en savoir plus mais motus et bouche cousue : les vieilles dentelières bigoudènes ne transmettent jamais leur savoir, de peur de perdre leur gagne-pain.
Une envie de manier le crochet
Mais c’était mal connaître Yolande qui ne voulait pas abandonner son envie folle de manier le crochet et, comme elle était dans le pays des dentelières, elle a finalement réussi à trouver des cours de Picot sur Pont-l’Abbé, haut lieu de la broderie et de la dentelle en terre bigoudène.
Dextérité manuelle
Ces deux activités requièrent avant tout bon œil, patience et dextérité manuelle : la dentelle se fabriquant petits morceaux par petits morceaux, le travail se faisant à main levée et l’assemblage et le montage final de la création étant le plus complexe et le plus compliqué dans l’ouvrage.
Certaines pièces, comme des dessus de lit nécessitant plus de 500 h de travail et étant invendables au prix du temps passé pour les réaliser.
Le point de picot de Pont-L'abbé
Ce point de Picot, unique et spécifique à la région de Pont-l’Abbé est particulièrement difficile à réussir pour les débutantes, le fil pour le réaliser est fabriqué spécialement par une entreprise Alsacienne et il est distribué uniquement dans les coopératives maritimes locales.
L'histoire de ce métier
Mais pourquoi ce savoir-faire s’est-il développé plus ici qu’ailleurs ?
C’est au début du XXeS (1903) que cette activité dentelière s’est propagée dans toute la Bretagne et plus particulièrement en pays Bigouden ; la pêche en déclin, la fin des conserveries de poissons et une terre pauvre qui ne permettait pas d’en vivre, en furent la cause.
La religieuse irlandaise
Une religieuse irlandaise passant par là, apprit le secret du « point d’Irlande » à quelques bigoudènes qui s’approprièrent vite la méthode de la dentelle irlandaise tout en la modifiant et en simplifiant les motifs : « le point de Picot » bigouden était né ! et de Combrit à Saint-Guénolé en passant par Pont-l’Abbé et Le Guilvinec se répandit dans tout le pays bigouden.
Vendue au mètre
Les femmes, autant que les hommes passaient le plus clair de leur temps à crocheter de la dentelle au mètre qui était ensuite troquée dans les épiceries contre des denrées de première nécessité, favorisant ainsi une nouvelle économie locale.
Napperons et gants
D’autres dentelières plus expertes, allaient alors acheter ces morceaux de dentelle chez les commerçants pour en faire des créations plus structurées : châles, napperons, coiffes, gants…et partaient les vendre tout le long de la côte, du Pays Basque à la mer du Nord en s’embarquant à bord des bateaux de pêche avec les équipages.
Un artisanat qui renait ?
Ce savoir-faire typique et original s’est perdu après guerre et de nos jours, il ne reste plus que trois vieilles dentellières bigoudènes vendant leur productions aux touristes devant le phare d’Eckmûhl à Penmarc’h, ainsi qu’une autodidacte qui exposerait ses belles créations en dentelle sur le marché de Pont-l’Abbé le jeudi matin.
L'amicale laîque
Yolande, quant à elle, montre et apprend son savoir-faire au sein de l’amicale laïque de Lesconil, elle y forme des futures dentelières et organise des stages de « Picot bigouden » afin que cet artisanat perdure ; entre ses cours, comme ses ouvrages ont beaucoup de succès, elle confectionne à la demande d’amies ou de parents des parures de mariées, des cols, des rideaux, des robes de baptême…
Merci Yolande
Nous avons passé quelques heures très agréables en sa compagnie et avons eu une conversation très instructive sur la dentelle en particulier et la Bretagne en général.
Nous lui souhaitons de former beaucoup de nouvelles élèves et de continuer le plus longtemps possible cette passion « dentelière » qui lui plaît tant, elle qui avait rêvé toute sa vie, non pas d’être comptable, mais de s’acheter une mercerie !
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Commentaires (4)

- 1. | 23/01/2020
- | 23/01/2020

- 2. | 08/07/2019
Je viens seulement de découvrir l'article paru dans le "guide du flâneur" sur la Dentellière de Lesconil. Merci de tout coeur aux auteurs. Je crois avoir identifié Monique a qui j'ai raconté mon "histoire personnelle de la dentelle" mais je ne me rappelle pas de Michel.
En revenant sur ma terre natale, Orléans, en 2015, j'ai essayé de transmettre mon savoir faire au sein de la Kevrenn, association des Bretons d'Orléans. J'ai été victime d'un grave accident en 2017 et je n'ai pas pu continué à transmettre ce savoir faire qui a sauvé tant de familles bigoudènes de la famine au moment de la crise de la sardine en 1903. J'ai pu reprendre le picot au printemps 2018 pour ma famille et mes amis mais j'ai perdu le rythme mais surtout pas le goût et le plaisir.
Encore MERCI.
Yolande
- | 08/07/2019
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Date de dernière mise à jour : 03/09/2020
Cordialement. JS