Visite des pans de Travassac

Pour faire la visite des ardoisières des pans de Travassac il vous faudra emprunter une route montant au-dessus de Brive, vers une Corrèze moins méridionale, où l’ardoise succède au grès rouge des terres de Collonges-la-Rouge et au calcaire blanc de Turenne.
Nous voilà à Donzenac, situé à flanc de coteau, ce joli bourg mérite une petite balade dans ses vieilles venelles dont les maisons à tourelles se tassent autour de l’église et de son clocher-tour du 14ème S.

Une visite vertigineuse

Ce lieu fantastique et impressionnant est une ancienne carrière d’ardoise, remise en activité depuis une quinzaine d’années et devenue aussi un site patrimonial ouvert au public. Un parcours guidé et sécurisé d’environ 1 heure vous montrera cet endroit unique en Europe où des passerelles métalliques et des belvédères surplombent des canyons artificiels creusés par des mains d’hommes, en procurant des sensations vertigineuses.
A l’époque, les anciens ardoisiers descendaient dans ces filons, jusqu’à 140m de profondeur, debout sur des plates-formes suspendues à des grues.

Les trois derniers ardoisiers

La première exploitation des ardoisières de Travassac eut lieu vers 1600, tout d’abord comme pierres à bâtir puis à partir de 1685 comme ardoises de toits. Au départ, le travail se faisait sur des filons à ciel ouvert exploités depuis la surface et dont il ne reste plus aujourd’hui que les parois spectaculaires au fond desquelles se déroule le circuit. Ses 7 filons parallèles longs de 2 kms sont aujourd’hui épuisés et il n’en reste plus que des déchets inutilisables; il y a 100 ans en arrière, 250 ouvriers travaillaient sur cette carrière, maintenant, ils ne sont plus que trois. Ce sont les derniers dépositaires de ce savoir-faire ancestral, les derniers maillons d’une longue chaîne d’ardoisiers depuis 300 ans.

Le travail reste artisanal

Avec la mécanisation et l’électrification, bien sur, le travail est devenu moins pénible et l’extraction se fait plus en profondeur, les blocs de schiste sont détachés à l’explosif et débités au marteau-piqueur.
Mais le travail du fendeur reste le même ainsi que celui du tailleur et ce savoir faire reste encore ici artisanal: le bloc est d’abord réparti en morceaux plus petits, à la masse et au burin puis ensuite au marteau et aux ciseaux pour en tirer des feuilles ou ardoises (un bon tailleur peut en faire 600 à 700 par jour).

La dernière opération consiste à donner forme à l’ardoise en la taillant en forme carrée, ronde (ou ogivale pour les toitures enneigées des pays montagnards). L’ardoise est ensuite encochée de chaque côté afin que le couvreur puisse la clouer sur la volige.
Les ouvriers apprennent sur le tas car il n’existe pas de formation d’ardoisier, chaque filon étant différent; il faut compter à peu près 3 ans pour savoir lire la pierre, en regarder le fil et les fissures naturelles sans en casser la feuille.

Une qualité inégalée

L’ardoise de Travassac possède une qualité et une résistance à nulle autre pareille ce qui explique son prix élevé (200 euro le m2 fini et posé) mais sa durée de vie est de 250à 300ans: de quoi être tranquille un bon moment !
Cette petite exploitation artisanale produit aussi de la pierre à bâtir et un peu de dallage tout en travaillant à la réfection de nombreux monuments historiques comme celui du Mont-Saint-Michel.
Si ce travail vous a conquit et que vous vous sentiez l’âme d’un ardoisier comme Jean-Jacques qui nous a servi de guide lors de notre visite, n’hésitez pas à franchir le pas et à venir le voir. Autrement, venez en simple visiteur et en amateur de sensations fortes voir « Les Pans de Travassac », l’émotion et l’attraction seront au rendez-vous.

Autour des pans de Travassac

Date de dernière mise à jour : 20/04/2022